mercredi 18 juin 2008

CARPE DIEM


Carpe diem. Cueille le jour présent, sans croire au lendemain. C’est le conseil fameux du poète Horace à une jeune fille qui consultait les horoscopes. Il faut s’en remettre aux dieux, car nous ignorons absolument le temps qui nous reste à vivre ; seule certitude, ces moments qui fuient quand la pensée s’inquiète du lointain avenir.

Le temps est jaloux, dit Horace : le présent échappe à ceux qui regardent au-delà, inattentifs à la beauté de l’instant. Jaloux de l’espérance autant que de la crainte, qui dilatent l’existence. Les lendemains sont incertains, seul est sûr le jour présent, et les plaisirs qu’il nous tend : il suffit de regarder près de soi et d’avancer la main.

De là une sagesse consistant à estimer les biens présents, par exemple en goûtant voluptueusement le festin qui se présente, sans se mettre en peine de tout ce qui peut manquer. C’est l’art de jouir sans désirer, attentif seulement à saisir l’occasion.

Mais carpe diem n’est pas, comme on dit parfois, un mot d’ordre épicurien. Ne pas penser au lendemain, c’est fermer les yeux sur les conséquences de nos actions. Or, pour Epicure, il est insensé de préférer des plaisirs éphémères et coûteux à des plaisirs simples et solides. Telle qu’il l’entend la prudence est l’art de jouir sans avoir à subir de retombées. Aussi tout plaisir présent ne sera pas choisi.

N’est donc pas épicurien celui qui cueille le plaisir sans souci du lendemain. Ou alors c’est qu’il pratique une certaine cueillette. Cueillir en épicurien, c’est deviner à l’aspect du fruit sa saveur et son arrière-goût, attendre la maturité des uns, s’abstenir des autres.

Cueillons le jour, dit Horace ; sans étourderie, ajoute Epicure. Regardons bien l’arbre et le fruit.

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